Mandoline portugaise


Travail réalisé
- Dépoussièrage, nettoyage
- Remplacement des cordes
- Tissage d’une suspension en macramé
Origine
Un héritage familial, pour mon grand bonheur
Il est un peu terni, les cordes cassées
C’est donc un défi « 2 en 1 »:
lui redonner son éclat
réussir à le mettre en valeur (trop beau pour rester au fond d’une armoire ou d’une housse de rangement)
Sa petite histoire
Ce bel instrument de musique c’est un peu une madeleine de Proust, version tactile, version sonore. L’éveil inattendu des sens, le plongeon incontrôlable dans les souvenirs.
Conservée au fond d’une armoire pendant des années, cette mandoline portugaise appartenait à mon grand-père. C’est dit. Précieux.
L’instrument a été sauvé par mon père, qui en a hérité dans un piteux état, retrouvé fêlé, brisé en 2, littéralement jeté au grenier. Et voilà qu’il l’a entièrement restauré, avec sa patience infinie, son savoir-faire en matière de travail du bois, transmis par son grand-père menuisier (mon arrière-grand-père, vous suivez ?). « Papa, tu crois que tu vas y arriver ? », « Avec le bois, on peut tout faire ». Je devais avoir autour des 8 ans quand j’ai assisté à cette opération de sauvetage, et je revois chacun de ses gestes, à retirer les dernières cordes, découper une pièce de bois sur mesure qui épouse l’éventail au niveau de la tête, recoller tout un côté avec une feuille de bois de la même teinte, le collage soigné, le séchage, les couches de vernis, vérifier toutes les vis de réglage, remplacer les cordes, et même accorder l’instrument. Un travail manuel, long, minutieux et… silencieux. J’étais émerveillée. Lui avait mal au coeur. Le travail se faisait dans l’arrière-cuisine, comme un atelier improvisé, quelque fois accroupis, des journaux au sol, les enfants adorent ça. Ça devenait comme un passe-temps, un long puzzle que l’on fait ensemble en plusieurs fois. Moi je croyais que ma présence l’encourageait, en réalité j’apprenais que tout était possible. Une leçon. Doublement précieux.
Puis voilà que j’en hérite, avec beaucoup d’émotion et grande fierté. Il est en assez bon état, juste un peu terni et les cordes sont à nouveau cassées. Allons, tout est possible, je vais sûrement pouvoir le rafraichir mais l’objectif est double, il faudra aussi le ressortir de l’armoire et trouver un moyen de l’afficher à la maison, il a assez dormi, non ? En avant la musique !
Objectif 1 : rafraîchir
Je défais les cordes qui restent pour mieux dépoussiérer : au chiffon sec, au pinceau dans les recoins, et même avec un embout d’aspirateur pour l’intérieur, une fois les poussières réunies, et en faisant très attention à ne pas endommager l’étiquette du fabricant, visible au fond. Pour lui redonner de l’éclat, c’est un nettoyage au chiffon imbibé de mélange vinaigre-alcool-. Les vis de réglage, disposées en éventail, sont un peu oxydées mais elles sont opérationnelles, donc rien d’agressif, elles témoigneront du temps passé, c’est très acceptable. Je trouve de nouvelles cordes très facilement, le « bandolim » est encore très utilisé au Portugal, quelle chance. J’installe soigneusement les cordes, 2 par 2, selon les instructions du magasin. Mon fils, qui se fait une joie de m’aider, m’encourage. « Maman, c’est vrai c’est toi qui vas mettre les cordes ? » « Mais bien sûr ! ». Je souris et me demande ce qu’il retiendra de cette soirée.
Objectif 2 : mettre en valeur
Je m’inspire des suspensions que l’on trouve habituellement pour les ukulélés, de beaux tressages en macramé, faits à la main. C’est certes un peu décalé, mais chaleureux, exotique, et ça enveloppe bien l’instrument : il est protégé, mais pas dissimulé. Je choisis un fil de coton rose pale. C’est un ton doux, qui se marie bien avec le bois clair, et ressort juste assez sur les murs blancs. Je pars sur un anneau doré pour démarrer le tressage. Un tressage un peu compact sur 15 cm de long, c’est là où s’appuiera la tête de l’instrument, elle doit être protégée des frottements contre le mur. Puis je sépare en plusieurs branches, par paires, pour former comme un volume, comme pour un porte-plante classique. On doit pouvoir glisser l’instrument à l’intérieur et le retirer. Je fais en sorte de placer des nœuds de part et d’autre du chevalet et de laisser visible le trou décoré. Pour terminer, il y a plusieurs options, dont les franges, mais je choisis une tresse plate, plus sobre et qui semble prolonger les cordes et le manche.
Mission accomplie, ouf, c’est une petite victoire, je respire. Et la mandoline respire surement aussi, exposée comme un trésor inestimable. Hélas, je ne sais pas en jouer, mais elle fait encore du bruit… C’est ainsi que j’ai appris que mon grand-père avait joué dans un orchestre. Ah, enfin j’ai le début de l’histoire !




Ce récit touche une corde sensible ? Vous avez remarqué comment vos gestes peuvent marquer, inspirer ? Et si on redonnait vie aux objets « de valeur » ? On ouvre les armoires ?
Au sujet de la mandoline portugaise (on dit « Bandolim » en portugais) : Instrument à 4 cordes en double (donc 8), on le reconnait à sa forme de poire, son fond plat. La tête porte une larme, une volute (sorte d’escargot) ou quelque fois une fleur, c’est parait-il une différence selon la région. Il évoque bien sûr le folklore portugais, le fado mais pas seulement. Et attention, on parle d’un folklore bien vivant, car encore aujourd’hui il garde une place de choix dans les formations musicales d’étudiants, les « tunas académicas » qui parcourent le pays, vêtus de noir et faisant revivre les musiques traditionnelles, un pur bonheur.
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