Sa petite histoire

Ah ce petit fauteuil… Je l’ai repéré en vitrine dans un magasin d’occasion, il me rappelait je ne sais quoi… un voyage lointain ou de lointains souvenirs, difficile à dire. Il a dû me sourire car j’ai souri en retour. Oui c’est bien ça, nous nous sommes souri et c’est un coup de cœur.

Vous avez reconnu le fameux fauteuil Emmanuelle ? Tout en rotin, avec son dossier en éventail, ses formes voluptueuses, il a un air exotique, et tellement bohème. Certains se souviennent qu’il apparaissait dans un film érotique des années 70, où il est mis en valeur, et met en valeur une certaine Emmanuelle, le titre du film. C’est comme ça qu’il est devenu légende. Dingue. En réalité, ce modèle de fauteuil existait bien avant le film, puisque c’est un trône polynésien. Ah bien sûr ! Et il portait déjà un nom, celui de Pomare, nom de la famille royale de Tahiti ou dynastie du XVIIIe siècle. Voilà pour le côté lointain. Surprenant.

Assez voyagé, le vendeur du magasin s’impatiente, revenons au modèle miniature d’occasion : l’objet est présenté avec une vieille poupée que je ne prends pas (vraiment effrayante), et je remarque que plusieurs brins du piètement sont cassés. C’est génial, ça veut dire un petit prix et l’occasion de le réparer. En regardant de plus près je vois que les brins de rotin sont maintenus par un fil plastique entrelacé, type scoubidou, qui s’est complètement désagrégé avec le temps. Il faut le remplacer, ça veut dire déconstruire et retisser. Nouveau challenge. Parfait j’adore ça.

C’est parti pour un nettoyage en profondeur. D’abord de la poussière, à sec, avec une brosse souple. Puis avec de l’eau savonneuse et une brosse à dents pour retirer tous les restes de fils de plastique. Ils partent facilement, même si par endroits il faut utiliser une pince à épiler. En l’état, ce « jouet » n’était vraiment pas adapté pour les enfants.

Je poursuis au chiffon pour un traitement à l’huile de lin. C’est une solution simple et naturelle pour lui redonner un bel éclat et le protéger. Par endroits je lui coupe aussi les brindilles « mal coiffées », le brossage ayant ébouriffé la fibre de rotin.

Il est temps de retisser. Je choisis un raphia couleur châtain, qui se fondra avec le rotin. Il est issu de fibres végétales, souple, solide, je peux donc utiliser une aiguille à laine pour le passer dans les croisillons, serrer et le nouer facilement aux extrémités. Le travail est minutieux, méthodique, et très concluant : le fauteuil reprend sa forme, il est bien renforcé, et le raphia ton sur ton ne se voit pas vraiment, c’est la forme généreuse du fauteuil qui est mis en valeur. Enfin, pour une petite touche personnelle, je « brode » des formes en losanges ou diamants au centre du dossier, avec un fil de lin couleur rose orangé. Ça lui donne un air « fait main » un peu enfantin qui va bien avec ce bel objet rétro.

Le challenge est relevé, le fauteuil miniature est prêt, il a ressuscité ! Réparé, il ferait encore parfaitement l’affaire comme jouet (je crois qu’on joue encore aux poupées) mais je l’ai déjà vu détourné en porte plante, et c’est sympa aussi ! Il est peu encombrant, et avec son look vintage, il s’adapte très bien dans une déco simple et naturelle. Il a donc trouvé sa place au salon et c’est amusant parce que ce mini fauteuil continue d’intriguer et de susciter des questions « Tiens, j’en avais un pour jouer aux poupée » ou « ça me rappelle un salon de jardin qu’avait ma tante, dans sa véranda ».

Et oui, il y a des objets du passé qui sont chargés d’une mémoire collective. Ils rappellent à tous une époque, et pour beaucoup, des souvenirs d’enfance. C’est dire qu’ils provoquent toujours une émotion. ! Ce qui est sûr c’est qu’il continuera de faire parler de lui et de nous. Indémodable ou plutôt indétrônable !

Quant à moi, je suis prête pour travailler sur un modèle taille réelle ! A suivre…

Vous êtes déjà tombés nez à nez sur des objets qui vous rappellent de bons souvenirs ? Le temps les a usés mais ils pourraient reprendre vie ? Et si on les remettait en état ?